Qui se souvient des détails ?

Qui se souvient des détails ? By Ambrine Lazreug-Didier, commissaire de l’exposition.

Le temps s'arrête pour celui qui regarde des ruines. Elles nous font réaliser que tout passe.

A travers ces installations, Andréa Vamos propose une esthétique de la ruine, avec toutes les résonances métaphysiques qu'elle comporte : notre place dans le monde, la valeur que nous accordons à l’Histoire, aux lieux et aux souvenirs qui s’y rattachent.

Allégorie du temps, les ruines témoignent de ce qui fut et offrent l’espoir de ce qui sera. Elles nous confrontent au risque de l’effondrement mais nous invitent également à

avoir confiance dans les fondements solides de notre existence. L’exposition «Qui se souvient des détails ?» convoque ainsi notre mémoire et offre la possibilité de bâtir de nouvelles possibilités,. Elle nous permet d’éprouver la sensation du temps.

Au coeur de l’Orangerie du Parc du Prieuré à Conflans St Honorine, les oeuvres d’Andréa Vamos créent une réactivation subtile de cet ancien jardin d’hiver, où végétation et architecture se répondent dans une mise en scène poétique.

Les mauvaises herbes, en suspension et emprises au courant d’air, sont le symbole d’une vie qui à nouveau jaillit. Les photographies souples sur plexiglass nous rendent témoins silencieux d’une nature qui reprend sa place dans cet ancien jardin d’hiver et se confond habillement avec le parc environnant.

La composition sculpte une nouvelle architecture, une ruine morcelée qui semble se

reconstruire grâce à cette végétation. Terreau aussi fragile que fertile, la nature se répand, quelque chose renaît. Tout recommence.

La tonalité rose de l’oeuvre rappelle celle d’un coucher de soleil en plein été. Une vue plaisante pour laquelle on ne détourne pas le regard. L’intention de l’artiste est de provoquer la même réaction chez le visiteur qui observe ce paysage chancelant. A travers ce panorama, qui annonce que la nuit va tomber et qu’un nouveau jour paraîtra, l’artiste nous donne à contempler un temps médian entre passé et futur, ce moment incertain qui le rend sublime.

Mauvaises herbes.2023

10 Tirages sur plexiglass, suspendus et maintenus par des pieds de studio photo. 380cm hauteur sur 4m de largeur et 4m en longueur. Dimensions variables selon lieu d’accueil.

Edition 1/3.

Composée d’une série de photographies sur plexiglas et encadrées par des structures

mobiles, Shapes made out of ruins questionne la manière dont nous construisons la mémoire d’un lieu.

A la manière des capricci au XVIIIème siècle, Andréa Vamos propose une réinterprétation onirique des paysages en ruine. L’artiste a retiré de ses clichés la végétation envahissante sur les murs d’architectures délabrées.

Dénuées de cet habit naturel, il ne reste qu’une structure de pierre. Subsiste alors l’ambiguïté d’une apparente solidité et d’une instable fragilité.

L’emploi du sépia, couleur de la photographie ancienne, est par métonymie celle du temps passé. Son traitement en transparence renforce la sensation de lieux fantômes, inhabités. Désertés par l’Homme, l’artiste nous interroge sur la valeur que nous accordons au passé. Les photographies dispersées dans l’espace nous invitent, par la déambulation, à se réapproprier ainsi une Histoire. Forme de réédification, cette mise en scène architecturale, convoque des souvenirs personnels et collectifs et nous éclaire sur la signification affective des lieux. Avec le temps, ils deviennent la représentation matérielle d’époques, marqués par l’absence de ceux qui ont autrefois vécu entre ces murs.

Shapes made out of ruins. 2023

Tirage sur plexiglass sur cadre en métal avec roulette. 3mm - 190cmx120cm

Edition 1/5.

Murs Mûrs est une installation éphémère in situ, elle-même prise en photographie.. L’ensemble tend à révéler un lieu déserté, celui d’une maison abandonnée dans la ville de Cetinje, au Monténégro. Entre les pierres fragiles, une dizaine de « draps » en gélatines colorées sont suspendus et s’agitent. Anachroniques, ces linges contemporains renvoient à une pratique désuète dans une époque de commodité domestique. Tendus entre les fondations en ruine, ils sont un lien entre ce qui a existé et ce qui subsiste.

Cette mise en scène et en mouvement est une tentative sensible de reconstruction d’une histoire qui tombe dans l’oubli. En utilisant le principe de transparence mais également les effets chromatiques offerts par la lumière qui pénètre l’installation, l’artiste souhaite faire renaître un espace devenu lieu-fantôme. Cette renaissance énigmatique est d’autant plus manifeste grâce au son produit par le vent qui s’engouffre entre les filtres de gélatines.

Dans un espace qui autrefois occupait la fonction d’habitation, l’accumulation de structures visuelles, qui se regardent et s’écoutent, prête au lieu une nouvelle dimension, celle de la contemplation.

Murs mûrs. 2021

Tirage sur papier Hanemhule 315g encadré. 50cmx45cm

Edition 1/5.