Ruins Up.

Le projet « Ruins Up » se déploie comme un dispositif conceptuel et politique puissant dépassant la seule installation pour devenir un commentaire profond sur la mémoire et l'effacement historique en Croatie. L'œuvre s'inspire directement de l'approche de Gordon Matta-Clark cherchant à occuper l'interstice dynamique entre la ruine et le potentiel de reconstruction mais elle l'ancre dans une réalité historique douloureuse. Le diaporama monté image par image est l'élément narratif qui dramatise cette tension. Il juxtapose l'histoire montrant le monument qui se bâtit à travers des images d'archives avec sa triste réalité contemporaine illustrant le squelette abandonné. Cette confrontation brutale déclinée sur trois monuments différents sur le territoire croate n'est pas fortuite. Cette pluralité des sites met en lumière un effet systémique une volonté d'effacer une partie de l'histoire passée notamment celle liée à l'ancienne Yougoslavie. L'installation physique « Ruins Up » composée de fragments réels collectés sur ces lieux de mémoire bombardés ou négligés fonctionne alors comme un reliquaire un fragment de preuve déplacé qui force le spectateur à confronter la matière même de la destruction et du déni mémoriel. En élevant ces débris l'œuvre transforme la ruine en un monument précaire de la mémoire persistante refusant de laisser l'histoire s'effacer dans le silence et l'oubli.