Country for sale à l’Académie du Climat.
Nuit blanche 2023, Paris.

L'exposition d'Andréa Vamos à la Nuit Blanche, intitulée « Country for Sale », s'est configurée comme une déclinaison tactique du projet monumental, l'artiste ayant délibérément adapté la portée de son travail à la configuration du lieu. Ce choix curatorial se traduit par la présentation d'extraits de séries, permettant de condenser la complexité de sa recherche sur la mutation du paysage monténégrin et la notion de réparation.

Le lieu des évidences - cette section se concentre sur la privatisation du territoire à travers des petits formats qui sont destinés à s'amplifier, formant conceptuellement une « carte géographique, un patchwork de terrain à vendre ». L'image est archive et s'impose ici comme une réalité de nature documentaire. Ces « panneaux à vendre » appellent à acheter une valeur qui vaut de l’or, la terre. L'artiste utilise la couverture de survie comme support pour imprimer ces lieux précieux, créant un parallèle visuel qui vise à attirer l’œil du spectateur.

Le Lieu des Révélations présente une parcelle d’une architecture immersive construite à partir d'images de chantiers imprimées sur plexiglass, puis recouvertes de blanc de Meudon. L'œuvre pose l'interrogation centrale de la limite du geste d'effacement et de la transformation territoriale : « Effacer… mais jusqu’où ? quelle est la limite ? ». Tout en conservant la brutalité du cadre, l'installation met en évidence le geste et l’intervention humaine. L'artiste se positionne non pas dans un lieu abandonné, mais dans un « temps abandonné ». Sa démarche est d'« effacer pour révéler », explorant activement les concepts de visible & invisible ainsi que de réalité & fiction.

Le Lieu du Recueillement - Cette section est conceptualisée comme le lieu de la réparation et du recueillement. Les tirages regroupent les multiples interventions éphémère in situ de l’artiste qui recouvre ces espaces endommagés par des couvertures de survie et laisse la nature se reconstruire un nouvel habitat.

Le projet « Country for Sale » d'Andréa Vamos, artiste franco-yougoslave, est une œuvre qui questionne la mémoire collective face à la transformation intensive du paysage au Monténégro.

Depuis 2015, le littoral monténégrin est bouleversé par un tourisme exponentiel et l'apparition de complexes hôteliers. Ces constructions bétonnées effacent l'identité du pays, transformant les terres rurales en sites « à vendre » et créant des « paradis artificiels ».

L'artiste se rend sur ces sites côtiers « voués à disparaître » pour explorer la frontière entre l'abandon et la protection. Elle utilise la superposition de techniques pour conférer à ses photographies une valeur d'archives.

Les clichés mettent en scène une « danse » poétique : l'artiste utilise des couvertures de survie dorées et argentées dont les mouvements recouvrent et découvrent la végétation aride. Elle récupère ensuite ces mêmes couvertures pour y imprimer les photographies en taille réelle.

L'utilisation de la couverture de survie symbolise la nécessité de protéger une nature menacée de destruction, tandis que la couleur scintillante de l'aluminium souligne la préciosité de cet environnement fragile.

Le projet est un état des lieux poétique qui fige les paysages pour tenter de les soustraire à leur fugacité. Bien qu'absent du cadrage, le geste de l’Homme est suggéré, le rendant à la fois responsable et victime de ces mutations environnementales. Le projet pose la question fondamentale de l'avenir des lieux et de la mutation des environnements.

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Qui se souvient des détails ? Conflans St Honorine. 2023

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