La vidéo « Goli Otok » est une œuvre qui prend racine dans un travail de photocopie réalisé à partir du livre de Martin Previchich, intitulé Poviest Golok Otoka , en français : « L'histoire de Goli Otok ». Ce livre détaille l'histoire du site, expliquant le contexte de sa création et la méthode par laquelle le gouvernement de Tito menait des enquêtes pour y enfermer des individus considérés comme des opposants politiques. L'œuvre ancre l'histoire dans la fin des années 40, lorsque Tito décide de marquer une rupture forte avec l'Union soviétique et instaure une politique d'oppression pour créer une nouvelle Yougoslavie, en emprisonnant ses opposants sur l'île. Goli Otok, située en Croatie, est une île stérile, sans aucune végétation, où tout ce qui a été construit l'a été par les prisonniers eux-mêmes, dont beaucoup sont morts. Cette histoire, connue seulement autour de la mort de Tito à la fin des années 70, est abordée par l'artiste comme une manière de révéler le côté obscur et l'envers du décor, exposant ce qui était caché pendant que le régime commémorait. Dans sa réalisation, la vidéo utilise des jeux de silence pour évoquer la mort et les appels à l'aide non entendus des opposants soulevant une question de réécriture de l'histoire. Le son de la photocopieuse — un outil de propagation d'informations dans les années 60-70 — est manipulé (rembobiné, accéléré, ralenti) pour matérialiser ce temps et cette relecture historique. Les jeux de fondus et de superpositions des images quant à eux illustrent le temps qui passe et le processus lent de la mémoire.