Le projet "Les Opposants" est une installation qui explore l'histoire comme une force vive, constamment remise en jeu par l'interaction. L'œuvre matérialise le conflit non pas par une représentation statique, mais par un dispositif sculptural invitant à la manipulation.

Le projet déploie une poétique de la rupture qui soustrait la ruine à son territoire pour remettre le souvenir en mouvement, ce geste de libération essentiel s'opérant en deux temps afin de conditionner le fragment à la circulation :

L'artiste initie son travail par le défrichage des lieux, coupant les racines qui maintenaient littéralement et symboliquement les ruines à leur territoire. Cette action permet de libérer le fragment architectural de son ancrage territorial et de sa charge historique fixe. Ces lieux sont les demeures et les sites de résistance d'opposants à des systèmes de pensée dominants. Ces ruines, symboles de la chute du système, sont sérigraphiées en fragments sépia sur plexiglass.

Ce défrichage physique équivaut à un défichage conceptuel : le retrait de ces lieux de l'archive et du classement mémoriel officiel. L'œuvre retire ainsi les récits des opposants de leur statut d'histoire figée. Ce processus est fondé sur l'archive individuelle de l'artiste, dont les photographies sont issues de ses propres voyages sur ces lieux. De plus, l'apparition des images varie selon leurs conditions d'éclairage. L'œuvre soumet ainsi le souvenir au passage du temps, renforçant l'instabilité du récit. La décontextualisation ancre l'œuvre dans une tension entre la mémoire collective des opposants et la mémoire individuelle de la trace. Le public est invité à déplacer les paravents (montés sur roulettes). Ce mouvement physique agit comme une image : il redonne du mouvement aux résistances et réactive la mémoire. L'œuvre utilise cette incertitude pour transformer la ruine en un monument précaire de la mémoire persistante.