Coups de soleil.

L'installation "Coups de Soleil" déploie une esthétique paradoxale, oscillant entre la délicatesse d'un voile et la brutalité d'une empreinte. Visuellement, l'œuvre se manifeste par un ruban sculptural, aérien et pourtant ancré, dont la matière iridescente capte et diffracte la lumière, évoquant une cascade figée ou une chute éthérée. Les pellicules vierges voilées, déployées en strates, créent un chemin lumineux qui invite le regard à suivre une trajectoire, depuis une source lumineuse perchée jusqu'à une zone d'impact au sol.

Conceptuellement, "Coups de Soleil" est une invitation à l'action et une méditation sur la vulnérabilité et la résilience. En demandant au public d'arroser l'installation, le spectateur se transforme en acteur, initiateur d'une transformation irréversible. L'eau, élément vital et destructeur, devient ici un révélateur. Son contact avec la pellicule voilée ne "nettoie" pas, mais grave une marque, une cicatrice visible et permanente.

Cette marque n'est pas seulement l'enregistrement d'une interaction ; elle est l'écho direct des inondations violentes de 2016 et, par extension, des ravages du changement climatique. Le "coup de soleil" n'est plus l'empreinte brûlante du soleil sur la peau, mais la marque indélébile de l'eau sur la pellicule vierge, symbolisant la trace que les événements climatiques extrêmes laissent sur nos territoires et nos consciences.

L'œuvre confronte la pureté initiale de la pellicule (le "vierge") à l'intervention humaine et aux forces naturelles déchaînées, transformant l'expérience esthétique en une prise de conscience tangible. Chaque goutte d'eau versée est un acte de reconnaissance de l'impact, une matérialisation de la mémoire et un rappel urgent de notre responsabilité collective face à l'urgence climatique. L'installation devient ainsi un mémorial actif, une surface réactive où le passé tragique se manifeste et où l'avenir incertain est questionné par chaque interaction.

Résidence de recherche à Kogan Gallery. 2016.

Installation à partir pellicule vierge, eau, plante, terre, image des inondations, plaque aluminium.

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Jugonostalgija.2021

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N'habite plus à l'adresse indiquée. 2008.