Le diptyque « Jugonostalgija » est une méditation sur la persistance de la mémoire politique au sein de la ruine. Ancrée dans les vestiges de l'Hôtel Igman à Sarajevo, l'œuvre capture l'image d'une étoile yougoslave gravée sur le mur après la destruction de la Yougoslavie. L'artiste enregistre ainsi une trace qui est elle-même un acte de mémoire postérieur, un fantôme de l'histoire. La sérigraphie sur verre souligne la fragilité et la distance du souvenir. L'œuvre est délibérément structurée en diptyque pour matérialiser la tension entre la ruine et le désir de réactivation : le panneau de gauche, traité en noir et blanc, incarne le passé figé et l'enregistrement brut de la ruine, tandis que le panneau de droite, où l'artiste a réintroduit manuellement les couleurs lacérées du drapeau, devient un acte de reconstitution subjective qui cherche à faire revivre symboliquement la Yougoslavie. Ce contraste entre la documentation froide et l'impulsion chromatique est le cœur de l'œuvre. Le diptyque affirme que la Jugonostalgija est une tension constante entre l'enregistrement du passé et l'impulsion subjective de sa réactivation, révélant l'impact durable du souvenir sur le présent.